Depuis qu’on a accepté -enfin- de commencer une thérapie, il est vrai qu’on se sent un peu mieux. Et franchement, tout le monde mérite. Cependant, ce que notre psy ignore malheureusement, c’est l’impact l'impact qu'un simple TikTok peut avoir sur nous, notre équilibre, et ce qu'on croyait être vrai… Et ça a été le cas avec l’avalanche de contenus publiés sous le hashtag #eldestdaughtersyndrome traduisible par le syndrome de la fille aînée. Et ça a fait mal là où on s’y attendait.

La cheffe de projet de votre famille

 

Être la fille aînée de la famille, c’est comme être la cheffe de projet de la famille. Vous ne gagnez pas autant que les big boss, vous avez gagné leur respect avec l’ancienneté mais on compte sur vous pour pas trop remettre en question leurs décisions et maintenir la pression sur les autres.

L’anniversaire de votre daron approche et vous n’avez pas encore pensé au cadeau ? Pas de problème, votre grande sœur l’a probablement déjà acheté. Vous aviez prévu de partir toustes en vacances cet été mais personne n’arrive à se décider ? Pas de problème, votre grande sœur a déjà choisi le airbnb, fait l’itinéraire et réservé trois restos. Vous avez une peine de cœur et vous ne savez pas à qui en parler ? Pas de problème, votre grande sœur vous attend probablement avec une boîte de mouchoirs et des brownies.

 

Bref, couteau-suisse et archi adaptable, la fille aînée est la porte-parole des parents et très souvent avec l’âge, tend à devenir un parent supplémentaire. Control freak et avec des tendances à une mauvaise gestion de la colère, la fille aînée a souvent l’impression d’être le vieux scotch qui maintient la famille unie tout en passant elle-même par de longs passages à vide.

© X / msLAS

 

La cobaye de nos daron·nes

 

On sait que cette position leur donne quelques avantages. Elles sont prises plus au sérieux lorsqu'elles expriment des souhaits ou des désirs (que ce soit positivement ou négativement), on leur fait plus confiance en général et elles ont accès à tous les secrets de famille avant tout le monde. Mais un grand pouvoir vient avec de grandes responsabilités. Et nos grandes sœurs sont aussi des cobayes à taille humaine qui ont accompagné nos parents sur tout leur processus de « parentalisation ».

 

Qu’elles aient été le premier enfant ou l’un des premiers, la fille aînée a souvent été victime des tentatives éducationnelles de ses parents. Être la première fille adolescente d’un foyer peut être une expérience coriace, croyez-nous. Si à cela vous rajoutez une situation d’immigration ou de déracinement, attachez vos ceintures car le grand patriarcat sera votre premier ennemi.

© X / MelissaOng69420

 

Que vous soyez grande ou petite sœur, vous le savez. La dernière a toujours eu beaucoup plus de liberté que la première. Tandis que la benjamine n’était qu’un projet ou commençait à peine à se construire des goûts, la grande soeur ouvrait le chemin à coup de pioches « je vais dormir chez une copine » et de sabres « je commence à me maquiller avec du crayon khôl dans la muqueuse inférieure ». Contre toute attente, elle a réussi à s’ouvrir une voie et à développer un rapport à l’autorité bien chelou : elle déteste toute forme d’autorité mais tient à ce qu’on la respecte tout de même. Bref, la madame est bien cassée finalement.

 

Si on rajoute à ça toutes les tentatives d’activités périscolaires, d’apprentissage de langues, de jeux d’éveil archi développés et d’amour concentré, on finit par avoir eu une enfant très stimulée, un peu en décalage avec toustes celleux qui viendront après. Les parents seront par la suite, un peu plus compréhensifs, plus laxistes et un probablement moins ambitieux (et heureusement !)

 

Un travail d’équipe

© X / tamm_a

 

Nos grande sœurs sont finalement cette sorte d’hybride, toujours au service des autres et on the edge d’envoyer tout bouler à tout instant. Qu’elles aient décidé de partir à l’autre bout de la planète pour fuir physiquement la mif ou bien qu’elles continuent à graviter autour de vous pour prendre soin de vous, il y a quelque chose d’assez universel dans cette position de grande sœur.

 

Ceci dit, malgré les memes qu’on s’envoie et la volonté d’écraser le trauma par les vannes, vous nous connaissez et vous savez qu'on ne va pas vous lâcher dans la nature comme ça. À toutes les grandes soeurs qui passent par là, on a repris les conseils de Michelle Elman refilés à Cosmo US pour prendre soin de soi et se préserver quand on est une grande soeur un poil matrixée :

 

❀ Posez des limites et apprenez à dire « non », on compte sur vous pour encore beaucoup d’années et on aimerait que vous vous reposiez un peu histoire de tenir le long terme.

 

❀ Créez votre groupe de soutien, votre famille d’accueil à vous. Quand il devient difficile de respirer à l’intérieur du cercle familial et que la pression est trop lourde, tournez-vous vers des personnes qui vous font vous sentir mieux.

 

❀ Arrêtez de vouloir arranger la vie des autres à tout prix. Oui, on a compris. Vous avez un gros cerveau et vous savez tout faire. Mais de la même manière que vous avez commis vos erreurs et appris à vous débrouiller, faites confiance aux plus jeunes, iels sauront trouver leur chemin.

© X / kwinbih

 

Et si vous êtes un·e benjamine, on pense que vous avez déjà réfléchi à la question. Ce n'est pas tous les jours facile d’avoir des parents et de devoir gérer leurs émotions en plus des nôtres. Les grandes sœurs ne sont ni des martyrs ni des sauveuses mais le syndrome de la fille aînée fait bien écho à quelque chose puisque sa recherche sur TikTok a presque plus de 23 millions de vues.

 

Montrez à votre grande sœur que vous n’avez pas besoin d’elle et que les schémas pourront toujours changer. Prenez soin de vos adelphes comme de vos ami·es et inversement et enfin... retournez voir votre psy svp !